Le Rite Écossais Rectifié
Vue d'ensemble
Né de la pensée et de l’expérience maçonnique d’un lyonnais, Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824), le Rite Écossais Rectifié (R.E.R.) fut définitivement fondé en 1782 lors du Convent de Wilhelmsbad qui valida les décisions prisent antérieurement lors du Convent des Gaules de 1778 et qui établissaient alors un rite maçonnique fondé sur quatre grades symboliques conduisant à un Ordre de Chevalerie appelé l’« Ordre intérieur ».
Dans ses sources formelles, le R.E.R. reprend les pratiques de la Franc-Maçonnerie française du XVIIIème siècle (et qui deviendra plus tard le Rite Français) ainsi que le modèle organisationnel en six grades de la Stricte Observance Templière du Baron von Hund, maçonnerie chevaleresque en provenance d’Allemagne.
Concernant ses sources spirituelles, le R.E.R. se fonde sur la doctrine de Martinés de Pasqually ainsi que sur la tradition chrétienne originelle, transcendante et non dogmatique. Selon Willermoz, le but de la Maçonnerie est « d’éclairer l’homme sur sa nature, sur son origine et sur sa destination ».
La structure en six grades du R.E.R. se décline de la façon suivante :
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Les Loges de Saint Jean (Loges Bleues) : Apprenti, Compagnon, Maître.
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Les Loges de Saint André (Loges Vertes) : Maître Écossais.
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L’Ordre Intérieur : Écuyer Novice, Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte.
Rituels & Valeurs
Le R.E.R. revendique son attachement au christianisme, à la patrie ainsi qu’aux principes de perfectionnement individuel. Ses rituels ont été préservés intacts depuis le XVIIIème siècle et continuent d’être pratiqués selon les règles et formules d’usages de l’époque. À titre d’exemple, le port du chapeau et de l’épée est de rigueur dans les Loges de ce rite. De même, les prises de paroles des différents intervenants ainsi que les formules et maximes employées lors des rituels reflètent un usage aujourd’hui peu répandu de la langue française.
Un Rite profondément européen
Le Rite Écossais Rectifié est essentiellement pratiqué en Europe continentale de nos jours. Autrement dit, en France, en Suisse, en Allemagne ainsi que dans les pays scandinaves. On le retrouve, a contrario, bien moins pratiqué dans les pays anglophones (Grande-Bretagne, États-Unis, Australie, Canada, etc.) qui lui préfèrent généralement des rites tels que le Rite Émulation ou le Rite Écossais Ancien et Accepté.
Des « Templiers » français aux Maçons « Rectifiés »
Le R.E.R. est un des Rites maçonniques les plus anciens encore pratiqués de nos jours. Il tire ses origines de la volonté des membres de la branche française de la Stricte Observance Templière (SOT) de s’affranchir de l’Ordre néo-templier allemand en fondant une nouvelle structure maçonnique. Parmi ces membres, on retrouve Jean de Turckheim, Frédéric-Rodolphe Salzmann, Paganucci, Jean Braun, Jean-André Périsse-Duluc et, surtout, Jean-Baptiste Willermoz. Willermoz réunira les différents Directoires français de la SOT dans ce que l’on a qualifié de « Convent des Gaulles » (Lyon, 1778) et qui sera à l’origine, avec celui de Wilhelmsbad de 1782, du Rite Écossais Rectifié.
La SOT, Ordre germanique fondé par Karl Gotthelf von Hund, se revendiquait à partir de 1764 (convent d’Altenberg) comme le principal successeur de l’Ordre du Temple. L’objectif de cet Ordre néo-templier était alors de restaurer l’Ordre originel des templiers tout en faisant reposer ses pratiques sur celles des Loges maçonniques. Lors du Convent de Wilhelmsbad (1782), Willermoz s’opposera à cette idée de restauration de l’Ordre des templiers, sans nécessairement renier la filiation entre les templiers et la « vraie maçonnerie ».